vendredi 8 février 2008

Nicolas Caritat, ci-devant marquis de Condorcet

Il y a une statue de Condorcet sur le quai Conti à Paris, à coté de l'hôtel des monnaies, dont il a été contrôleur général. Je connaissais un peu Condorcet pour avoir lu sa biographie écrite par les Badinter. J'ai lu, il n'y a pas très longtemps sa "Lettre d'un père proscrit à sa fille" (lien ci-dessous).

Mon sentiment après l'avoir lue a été: "Merde alors, le pauvre vieux!" Ce n'est pas que je plaignais particulièrement sa situation quand il a écrit cette lettre, toute précaire qu'elle eut été (il se terrait dans un grenier, d’où il n’est sorti que pour mourir emprisonné quelques jours plus tard). C'est plutôt ce que cette lettre laisse transparaître de la succession de souffrances intimes qu'a été sa vie.

A mes yeux, cette lettre est une énumération en 10 pages de toutes les recettes qu'une personne hypersensible a mises au point tout au long de sa vie pour ne pas souffrir, notamment de ses rapports avec les autres. Et il transmet ces recettes à sa fille comme un savoir très précieux.

En vrac. A propos du travail: "Rien n'est donc plus nécessaire a ton bonheur que de t'assurer des moyens dependans de toi seule pour remplir le vide du tems, écarter l'ennui, calmer les inquiétudes, te distraire d'un sentiment pénible". Ou encore: "On peut n'être pas maître de ne pas écouter son coeur, mais on l'est toujours de ne pas l'exciter; et c'est le seul conseil que la raison puisse donner à la sensibilité" Un autre: "N'attends, n'exige des autres, qu'un peu au-dessous de ce que tu ferais pour eux". Etc., etc., etc.

(http://books.google.com/books?id=cis0AAAAMAAJ&pg=PA603&dq=Avis+d%27un+proscrit+%C3%A0+sa+fille).